21 décembre 2011

Joyeuses fêtes

À tous je souhaite santé, bonheur et prospérité. 

Voici le "Minuit,Chrétiens" de Rufus Wainwright, chanté en français sur les ondes de NBC à New York le 20 décembre 2011.

Et pour ceux qui regrettent l'absence de neige au sol, Google vous en offre un ersatz ici même.

Joyeux Noël et bonne année en 2012 !




Comme NBC se plaît souvent à retirer ses liens vidéos, il est possible de voir celle de Wainwright ici: http://www.somekindofawesome.com/journal/2011/12/21/watch-rufus-wainwright-minuit-chretiens-live-on-fallon.html

Patrice Leroux :-)

19 décembre 2011

Médias sociaux 201 de Michelle Blanc


Impossible de clore l'année sans parler de la seconde publication de Michelle Blanc - Les médias sociaux 201- parue cet automne. J'avais d'ailleurs souligné l'importance de la toute première dans un billet intitulé le Best-Of.

Alors que Les médias sociaux 101 met l'accent sur le fond, en misant notamment sur le potentiel des médias sociaux pour les organisations et souligne ses écueils, la seconde publication vise plutôt le développement et l'élaboration de stratégies et de tactiques: le comment.

Il s'agit là d'une entreprise un peu plus périlleuse compte tenu de la rapidité d'évolution des canaux et des plateformes du Web 2.0. Cependant, à travers les six grandes phases de développement retenues par l'auteure, soit l'écoute et la veille, la création de profil, la création de contenus, sa distribution et sa promotion, le développement d'une communauté puis un certain retour vers la veille à des fins d'analyse et de mesure, on ne perd jamais l'essentiel de vue.

C'est bien là le principal tour de force de ce deuxième ouvrage : expliquer les avantages et les inconvénients des outils et des tactiques mais sans jamais mettre de côté les grandes questions de fond, dont celle, fondamentale, d'arrimer les médias sociaux aux objectifs organisationnels.

Les grandes phases de développement, présentées en autant de chapitres, sont précédées de deux autres: un premier qui déboulonne quelques bons vieux mythes tenaces associés aux médias sociaux et un second qui explique les différences entre réseaux et médias sociaux, et notamment entre Facebook et Twitter. La table est donc bien mise pour ce qui va suivre.

Chacun des chapitres (ou phases de développement) est soutenu par des exemples tirés de cas personnels ou sélectionnés pour leur intérêt et probité. Ils sont accompagnés de nombreuses ressources ou liens qu'on peut retranscrire très facilement puisque l'auteure a pris la peine de les colliger par le biais du racoursisseur de lien bit.ly (on retrouve le même procédé dans le premier livre aussi).

La troisième phase (création de contenus) est particulièrement bien étoffée. Seule petite ombre au tableau, l'absence (ou la mise au rancart délibérée ?) du phénomène de la curation web (mon dada en 2011). En fait, le mot n'apparaît nulle part. Pourtant, on en a parlé amplement cette année encore, notamment parce que la curation web permet - selon certaines conditions - de bonifier le marketing des informations d'une entreprise et de la positionner à titre de prescripteur (thought-leader) sur un thème pour lequel elle est légitime.

En cette ère de surabondance d'information, la tactique devient de plus en plus éprouvée. À preuve cette expérience de curation web chez IBM. C'est d'autant plus curieux car Michelle Blanc, tel le M. Jourdain de Molière qui faisait de la prose sans le savoir, est sans aucun doute une des meilleures curatrices web du Québec, sinon de la francophonie.

Les relationnistes, entre autres, apprécieront sûrement le chapitre portant sur la promotion des contenus et l'élaboration d'une liste de "twittereurs" et de blogueurs pour un événement. Ils noteront aussi la discussion portant sur la différence entre stratégie et tactique. Les diverses approches proposées par Jeremiah Owyang quant à l'intégration d'équipes sur les médias sociaux y sont aussi abordées.

Par ailleurs, l'enjeu du retour contre investissement (ROI) propose aussi une bonne vue d'ensemble en soulignant bien les diverses mesures qu'on peut lui associer, dont les impacts non-financiers (plus communs) et financiers (plus rares).



Enfin, si je recommande l'achat de ce deuxième livre pour tous ceux qui doutent encore (le premier demeure tout aussi pertinent), je m'en voudrais de passer sous silence l'intimidation dont Michelle Blanc est victime, encore aujourd'hui.

Le blogueur Renart Léveillé a fait plus que sa part pour dénoncer ces actes d'intimidation et de méchanceté tout à fait gratuites dans ce billet. Il semble bien que le fait de vouloir être mieux dans sa peau - y compris par un moyen aussi draconien qu'un changement de sexe - dérange bien du monde, et certains plus que d'autres...

Pour ma part, je m'interroge sur les véritables motivations à l'origine de ces comportements. S'agit-il d'une propre maltraitance subie en enfance et qui se reproduit à l'âge adulte ? D'un refoulement ? D'un "mystère douloureux" ?

Quoi qu'il en soit, ce qui me vient à l'esprit, ce sont des cas documentés d'arroseurs-arrosés, comme celui de ces militants anti-gais notoires (politiciens et religieux compris) qui ne se sont jamais acceptés eux-mêmes... à titre de gais.

Ou encore, du cas du télévangeliste américain Jimmy Swaggart qui dénonçait avec véhémence les agissements de ses propres homologues déchus... jusqu'au jour où il se faisait prendre les culottes baissées
! Et plus récemment, que penser de ce représentant républicain du Rhode-Island, grand pourfendeur de pot, arrêté pour possession... de pot !

On a beaucoup parlé des ravages du harcèlement et de l'intimidation à la fin du mois de novembre 2011, notamment avec le triste cas de l'adolescente Marjorie Raymond. Mon collègue Mario Asselin a d'ailleurs écrit un excellent texte à ce sujet, curieusement publié ici. En effet, le "timing" entre le texte ci-dessus de Renart Léveillé et surtout, le lieu de publication du texte de Mario m'ont rendu assez perplexe. L'intimidation est-elle plus inacceptable quand il s'agit d'ados que lorsqu'il s'agit d'adultes ? Je ne le crois pas.

Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

14 décembre 2011

L'entreprise sociale

J'ai toujours beaucoup apprécié l'approche d'Olivier Blanchard (AKA TheBrandBuilder) quant à l'enjeu du retour contre investissement des médias sociaux. Encore largement débattu aujourd'hui, voire souvent incompris, le fameux Social Media ROI faisait encore l'objet d'un de ses billets percutants en cette fin de décembre 2011...

Mon collègue Marc Snyder y propose aussi son point de vue dans ce billet plutôt bien construit et argumenté. J'y offre un lien car il illustre très bien à quel point la question du retour contre investissement - en relations publiques du moins - demeure assez diffuse, comme l'avaient souligné d'ailleurs Pierre Bérubé, Elizabeth Hirst et Guy Litalien dans cette présentation (pdf) de mars 2011, en référence à des études de Grunig et al.

Cependant, c'est la présentation de Blanchard sur l'entreprise sociale qui pique ma curiosité. Une entreprise peut-elle devenir sociale ? Qu'est-ce à dire ? Comment peut-elle s'y prendre au-delà des outils et plateformes ?

En fait, l'être social et a fortiori l'entreprise sociale, c'est tout d'abord un état d'esprit AVANT de devenir un modèle de gestion. Un état d'esprit qui doit transcender toutes les unités de l'organisation et non seulement les fonctions de marketing, de relations publiques ou du service à la clientèle. Et si on vise un nouvel état d'esprit, doivent se rajouter aux animateurs de communautés des gestionnaires du changement.

Voici donc un plan d'étapes qui devrait vous inciter à réfléchir sur les principes fondamentaux d'une entreprise sociale.

Principles of a Social Business Intro 7DEE
View more presentations from Olivier Blanchard


Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

2 décembre 2011

La promesse numérique

L'initiative dite de la promesse numérique (Digital Promise Initiative) est un projet de la Maison-Blanche consistant à bonifier l'utilisation des technologies dans les écoles américaines.

Pourquoi maintenant ? Parce-que l'école américaine n'a pas été en mesure de suivre le rythme accéléré des progrès technologiques et réseautiques des dernières années, et de s'y adapter en conséquence.


Le retard est à ce point troublant que plusieurs organisations n'arrivent pas à recruter des personnes dont les habiletés et connaissances technologiques correspondent à leurs attentes en 2012 !

En fait, d'ici 10 ans, 60% des postes exigeront des habiletés technologiques que seulement 30% des gens possèdent aujourd'hui. On dit même que si 50% des postes disponibles exigent des connaissances technologiques, ce chiffre passera à 75% d'ici 2022...

Voici un graphique illustrant l'initiative du gouvernement fédéral américain. Il démontre aussi à quel point le(s) visage(s) de l'éducation américaine risque de changer au cours des prochaines années...

Digital Promise
Sommes-nous préparés, voire conscientisés de la sorte au Québec ?

Merci de votre lecture !


Patrice Leroux

18 novembre 2011

Webcom : vue de l'interne (novembre 2011)


La conférence Webcom de novembre 2011 présentait, une fois de plus, une série d'ateliers et de conférences des plus relevés.
Disclaimer: Oui, j'ai un préjugé favorable envers l'organisation et oui, je faisais aussi partie des conférenciers.

À retenir aussi de cet automne 2011, la très belle initiative des sept conférences "
OpenGouv" disponibles sur la chaine de Webcom World à partir du 19 ou du 20 novembre 2011. MAJ: ce serait plutôt à partir de midi le lundi 22 novembre.

Intégré à la piste
Communications et services internes, j'ai été agréablement surpris par le nombre de personnes qui ont assisté à ma conférence portant sur la "curation" web en communication interne. Surpris parce que je ne m'attendais pas à voir grand monde si tôt dans la journée. Se présenter à 8h du mat pour écouter un conférencier, faut être motivé !

Et pour l'entendre parler d'un concept encore mal compris, qui plus est en communication interne - sans doute la moins "sexy" des cinq grandes pistes - chapeau !

Chapeau à Webcom qui depuis près de cinq ans insiste sur l'importance de la communication interne en entreprise et lui réserve toujours une place de choix. On ne voit pas cela très souvent chez les autres organisateurs de conférences qui misent surtout sur des thèmes disons plus populaires. Pas besoin de les nommer, vous savez desquels je parle...

Seul bémol quand on est conférencier, on ne peut pas se scinder en deux et assister aux présentations des autres. C'est ainsi que je n'ai pu entendre la présentation de
Corinne Weisgerber de l'Université St-Edwards d'Austin au Texas, dont une des présentations portait justement sur la curation en communications externes.

Cependant, la pause du lunch permet aux conférenciers de se rencontrer et d'échanger grâce à une salle qui leur est réservée. Madame Weisgerber est professeur de relations publiques et enseigne un cours intitulé Social Media for PR. Tiens donc !

Nous avons donc pu comparer nos plans de cours respectifs, examiner nos listes de lecture et les évaluations exigées des étudiants. Je suis donc ravi de vous annoncer que mon propre cours Internet et relations publiques navigue dans les mêmes eaux que celui de Corinne. Pouvoir se comparer aux meilleurs, c'est ce que permet une organisation comme Webcom !

J'ai été aussi ravi de pouvoir comparer sa propre présentation Building Thought Leadership through Curation avec le cours que je donnais il y a quelques semaines, sensiblement sur le même thème. Vous savez quoi ? Nos contenus se rejoignent ici aussi !

Voici donc le superbe
deck de Corinne présenté à Webcom, le 16 novembre 2011:



Et voici mes notes du cours portant sur la "curation" Web : à vous de les comparer ! ( Le contenu j'entends. Parce qu'au plan esthétique, je me fais planter !)


Enfin, je ne vous laisserai pas sans afficher ma propre présentation intitulé la
"curation" web en communication interne. Reprenant plusieurs éléments de mon cours ci-dessus, j'y ai ajouté quelques nouveautés pour le moins théoriques.

En effet, la
curation en interne demeure plus rare ( j'en ai déjà parlé ici) et les cas sont assez anodins, du genre revue de presse dans l'intranet. Plus théorique parce que j'ai tenté aussi de lier ce qui pourrait être fait en curation interne à l'intérieur d'une procédure opérationnelle imprévisible, le Adaptive Case Management par rapport aux procédures opérationnelles plus conventionnelles et prévisibles (Business Process Management). Jusqu'à présent, personne ne m'a encore dit que " j'en fumais du bon"...


Par ailleurs, permettez-moi de saluer tous ceux qui ont participé à la piste
Communication et services internes:

Frédéric Martel dont les efforts pour intégrer des canaux de collaboration chez Revenu Québec sont dignes de mention.

Gentry Underwood

Philippe Picard

Jamie Pappas (lien vers une de ses présentations/étude de cas EMC) + The Game of ROI in Social Media


Enfin,
last but not least, un merci particulier à Mario Asselin qui a dit des choses beaucoup plus brillantes que moi sur l'enjeu des données ouvertes et du "opengouv". Une chance "qu'on s'a" ;-)

Et mes félicitations les plus chaleureuses à ce cher Claude Malaison qui a reçu un des deux grands Prix Cartier pour son apport au monde des technologies de l'information en communication organisationnelle (l'autre récipiendaire a été Tara Hunt).

Ce sacré
Michel Chioni lui a joué tout un tour avec un stratagème digne des plus beaux complots. Claude avait en main la biographie d'une autre personne à qui on devait remettre le Prix. Ce Prix Cartier et cette reconnaissance, Claude les mérite depuis des années !

Crédits photos: Eva Blue
http://www.flickr.com/photos/evablue/6357569797/in/set-72157628018931127


Merci de votre lecture !

8 novembre 2011

Questions de monitoring en relations publiques

Depuis que les diverses sociétés et associations de relations publiques dans le monde - dont la SQPRP - ont endossé les principes de la déclaration de Barcelone, il semble y avoir un certain malaise sur la façon d'aborder la question du retour contre investissement (ROI).

En effet, les relations publiques semblent rarement faire partie de l'équation - de leur propre aveu même - quant il s'agit de mesurer ce qu'elles peuvent rapporter à leur organisation (à but lucratif) en matière d'argent sonnant et trébuchant, voire de profits. (En fait, l'argent n'est-il pas non plus le nerf de la guerre dans les cas d'organismes d'entre-aide et de bienfaisance ou de fondations ?)

L'argent et les profits, ce sont l'affaire des ventes, du marketing ou des opérations courantes qui possèdent donc leur propres indicateurs clés de performance (KPI).

Le "retour contre investissement" en relations publiques se mesurerait plutôt par l'épargne d'une crise évitée ou bien gérée, ou encore par l'évitement d'une situation fâcheuse grâce à une saine gestion d'enjeux, de relations soutenues avec les médias et d'un dialogue continu avec les parties prenantes internes, entre autres champs d'intervention.

Tout cela relève donc de la valeur "diffuse" des relations publiques telle que rapportée, entre autres sujets, lors de la conférence intitulée L'évaluation des relations publiques à l'heure de la déclaration de Barcelone -pdf- (Pierre Bérubé, Elizabeth Hirst et Guy Litalien), le 23 mars 2011.

Par ailleurs, l'International Association for the Measurement and Evaluation of Communication (AMEC), a rendu public au cours de l'été 2011, son Valid Metrics for PR Measurement-Putting the Principles into Action -pdf-. On accorde aux ventes et aux revenus une place assez importante dans les résultats ou actions souhaitées, qu'il s'agisse de mesurer "l'engagement" par le biais des médias sociaux, de la gestion de la réputation ou de la gestion d'enjeux, par exemple.

C'est l'Australien Craig Pearce qui résume sans doute le mieux les tiraillements entre ceux qui - comme lui - croient qu'il est grand temps que les relations publiques intègrent les mêmes objectifs d'affaires que l'organisation pour laquelle elles oeuvrent - dont l'objectif de faire des profits - et les autres, qui croient plutôt que la raison-d'être des relations publiques consiste à établir et à maintenir des "relations de confiance" entre l'organisation et toutes ses parties prenantes. Et tant mieux si elles peuvent contribuer au "bottom line" mais sans plus... puisque trop de facteurs entrent en jeu quand il s'agit de faire de gros sous...



Tout cela pour vous dire que j'ai fait part de ces tiraillements à mes étudiants lors du cours donné sur le monitoring. Je les ai surtout priés d'être très prudents quand ils aborderont la question du retour contre investissement.

Le retour contre investissement, ce n'est pas le retour contre l'influence ou l'intérêt. Les médias sociaux, entre autres, peuvent se mesurer en terme d'impacts non financiers (mesure média) et d'impacts financiers (mesure en argent). C'est sur ce dernier point que réside le retour contre investissement.

Monitoring 2
View more presentations from Patrice Leroux/FEP/Université de Montréal

Merci de votre lecture.

31 octobre 2011

Webcom-Montréal de novembre 2011


La 11e conférence internationale de Montréal se déroule le mardi 15 et le mercredi 16 novembre 2011: deux jours ! C'est une première.

Cinq grandes pistes sont offertes dont six ateliers pratiques le mardi 15 novembre, avec des spécialistes tels que Benoît Descary, Philippe Martin, Johann Romefort et Stéphanie Latour, entre autres.

Une journée parfaite pour se réchauffer...

La journée du mercredi 16 novembre demeure particulièrement chargée.


La conférence du député et leader parlementaire adjoint Henri-François Gautrin promet. Le titre de sa présentation ? L'impact du Web 2.0 sur le rapport de l'État avec les citoyens, sur la société civile ainsi que sur sa structure et son fonctionnement.


Mon collègue Martin Lefebvre, de la Ville de Montréal, parlera des nouveaux modes d'interaction avec les citoyens.

Le panel sur l'éthique et les médias sociaux devrait aussi produire son lot de pixels...

Pour ma part, j'aurai le plaisir de parler de la curation en communication interne.

Un peu plus tard en matinée, je me joindrai à Mario Asselin et à Claude Malaison pour discuter de gestionnaires de communautés et de curateurs de contenus dans le cadre du "Open gouv". S'agit-il vraiment de nouveaux usages et types d'emplois ?

À très bientôt !

Patrice Leroux

6 octobre 2011

Curation web et communication interne

Plus ça va et plus j'ai l'impression que la pratique de la curation web peut prendre tout son sens en communication interne, même si elle offre de belles promesses en communication externe.

Cependant, et comme dans le cas de l'intranet social, les propos sur l'utilisation directe de la curation web en entreprise demeurent encore assez théoriques.

Pour ceux qui se demandent ce que peut bien être la curation web, je vous conseille d'abord de lire ce billet Le curateur de contenu (1e partie) ainsi que ce compte rendu du livre de Steven Rosenbaum: Nation de curateurs (Curation Nation).

Vous pouvez aussi consulter ma présentation d'octobre 2011 sur la curation:



Sinon, permettez-moi de vous rappeler, en gros, que la curation web est une activité tactique qui épouse presque tous les éléments de l'agrégation manuelle: rechercher, sélectionner, organiser, partager et diffuser des quantités importantes d'information; à la différence près que la curation web y ajoute une autre couche de contenu original, un nouveau savoir dans une perspective humaine.

Cette couche supplémentaire de contenu original peut prendre la forme d'une annotation, d'une contextualisation, d'une glose, d'une évaluation, d'une analyse exhaustive ou encore d'un simple commentaire.

Il n'y a pas de règles prédéfinies quant au degré d'interprétation ou de validation d'une curation web. En fait, il n'y a qu'une seule règle qui la différencie véritablement de l'agrégation manuelle: celle d'y ajouter une perspective nouvelle ou authentique, une mise en contexte. C'est là le principal point d'achoppement, voire de tiraillements, entre création, agrégation et curation.

En fait, certains "curateurs de contenus" ne font qu'une agrégation manuelle, que plusieurs peuvent tout de même juger utile, certes, mais qui ne ferait qu'ajouter au "bruit" ambiant. Crowdspoke a rédigé un assez bon billet sur les écueils de la curation web personnelle...

Une couche supplémentaire de contenu ? Pourquoi ?

Parce que la pratique de la curation web, autant pour l'externe que pour l'interne, tire en partie ses origines de la surabondance des contenus, et de son corollaire: le surplus cognitif.

Par ailleurs, les algorithmes d'agrégation de Google, par exemple, commencent aussi à montrer certains signes de faiblesse dus à l'infobésité, d'une part, mais aussi, d'autre part, à cause des dangers de l'hyper-personnalisation des résultats de la "recherche sociale", telle que dénoncée par Eli Pariser (Beware online "filter bubbles").

Car enfin, la promesse fondamentale de la curation web consiste à fournir un ensemble d'informations pertinentes et de qualité (selon des besoins et des critères spécifiques) au bon moment et aux bonnes personnes, pour que ces dernières puissent prendre de bonnes décisions.
Si les premiers efforts de curation web à l'interne semblent assez anodins, et relèvent encore plutôt de l'agrégation manuelle, telle qu'une revue de presse soumise dans l'intranet de la compagnie American Electric Power, il y a sans doute d'autres concepts qui méritent de s'y attarder. Curation collective, curation collaborative et intelligence collective... La proposition d'une curation collective vient encore de Crowdspoke. Reprenant le principe de la sagesse des foules de Surowiecki, il s'agit de colliger (voire d'agréger - on ne s'en sort pas !) les actions indépendantes de curation d'un groupe décentralisé de curateurs.(Lire A better definition of collective curation). Crowdspoke évoque, en exemple, la curation collective de milliers de tweets, à la suite d'une catastrophe ou d'un événement majeur, par des centaines, voire par des milliers de curateurs dont le rôle consiste à identifier, à vérifier puis à classer les tweets. Cependant, au plan strictement interne, une autre catégorie de curateurs aurait comme rôle de valider, une dernière fois, la curation collective dans le but d'offrir un portrait plus clair d'une situation. On voit tout de suite les possibilités d'une telle tactique en protection civile, dans les domaines militaire, financier ou même politique... Cette éventualité d'une curation collective me fait un peu penser - en l'extrapolant bien entendu - au diagramme proposé par Glenn Remoreras. L'infobésité (le Web 2.0 Clutter) est filtrée de façon algorithmique par des services sémantiques (futurs ?) du Web 3.0, puis passée au crible, voire au tamis des experts facilitateurs (ou de curateurs) dans un espace de curation collective. Par la suite, la dernière étape de validation revient à l'interne (que Remoreras nomme les Communities) dans un but d'intelligence collective.

Source: Forecast 2020 : Web 3.0 and web Collective intelligence (Glenn Remoreras)
http://glennremoreras.com/2010/07/28/forecast2020/
La curation collaborative, quant à elle, demeure centralisée, voire institutionnalisée. Crowdspoke évoque, assez gauchement je l'admets, l'exemple de Wikipedia. Pour moi, Wikipedia, ce n'est pas tout à fait de la curation et encore moins un espace centralisé... La curation collaborative ressemblerait davantage aux principes de la veille (entendre par là l'informatique décisionnelle) en entreprise. Bertrand Duperrin a d'ailleurs réfléchi sur le rôle d'un curateur par rapport à celui du veilleur dans son billet Le curator : chaînon manquant des dispositifs entreprise 2.0 ?

Un exemple de curation collaborative ? Les gens d'Apple qui font du "curated computing" en examinant chaque application développée pour le iPhone avant de la rendre disponible, ou non, dans son App Store...


Quoi qu'il en soit, ces réflexions doivent nous inciter à penser à la curation Web comme tactique éventuelle en communication interne.

Mais selon ce que rapportait Claude Malaison dans son billet Observatoire 2011- prise 2: Le long et pénible chemin vers la e-transformation… la curation et même la surabondance d'information ne font pas partie des préoccupations internes alors que tous les yeux se tournent vers la mobilité...

Qu'en pensez-vous ?

Sur ce, je vous laisse sur une petite vidéo avec Martin Hilbert, Fellow du USC Annenberg School for Communication & Journalism.

MAJ (19-11-11) sur YouTube parce-que sur Vimeo, il y a des trucs étranges qui s'y passent...





27 septembre 2011

Twitter en 2011


Que dire de Twitter en 2011 ?  Beaucoup de choses. D'abord une évolution exceptionnelle; il y aurait près de 200 millions de Twitteurs inscrits (dont 450,000 nouveaux adeptes par jour) selon cette impressionnante infographie de Touch produite en août 2011. Pas mal du tout pour une entreprise qui vient de fêter son 5e anniversaire !

Voici quelques données: une majorité de femmes (54%) l'utilisent; un peu plus de 40% des tweets émanent d'un mobile; 88 des 100 Global Fortune Companies ont au moins un compte ; une valeur estimée à 8 milliards, et tenez-vous bien, seuls 5% des Twitteurs seraient responsables de 75% de l'ensemble du contenu...

Même si Twitter évalue plutôt son nombre d'adeptes "actifs" à 100 millions, selon ce billet du 9 septembre 2011, ce canal, à la fois réseau et média social,  ne peut plus être ignoré.  Ses impacts sont trop nombreux dans toutes sortes d'activités humaines. 

J'ai déposé sur SlideShare près de 85 diapos accompagnant mon cours. Il s'agit aussi de ma 3e version.

J'aborde les enjeux suivants, entre autres: événements et campagnes; stratégies Twitter d'entreprise, crises et dérapages, médias et journalisme, rédaction de Tweets.

Bonne lecture !




;-)

18 septembre 2011

Le blogue est-il en déclin ?




Une mise à jour de mon cours portant sur le blogue me permet de faire une mise au point sur ce moyen exceptionnel d'édition, d'autant plus que bloguer est une activité pédagogique obligatoire.  

Les gens bloguent-ils autant qu'avant ? Non... et oui.  Si les jeunes de 12 à 17 ans ont largement abandonné leur blogue au profit des Facebook, Twitter et Tumblr de ce monde (on parle d'une chute de 50% aux USA depuis 2006), la rédaction de billets n'est pas en déclin chez les plus âgés.

Selon l'étude du Pew Internet & American Life Project - Generations 2010 - le nombre de blogueurs de 18 à 33 ans avait baissé de 2% seulement entre 2008 et 2010, tandis que le nombre de blogueurs âgés de 33 à 45 ans augmentait de 6%. On est loin d'un grand déclin ! 323 millions de visiteurs uniques avaient accédé au canal Blogger en 2010 et la popularité de WordPress ne reculait aucunement, au contraire.

On semble donc se diriger vers une certaine stabilité ou plutôt,  comme le souligne Matt Mullenweg dans son billet Blogging Drift, vers une sorte de continuum fait de multiples canaux, et dans lequel les internautes, toutes générations confondues, deviennent de plus en plus à l'aise avec la publication  de données. Mais cette activité d'édition (plutôt courte il est vrai) se fait sur une multitude de canaux et, de plus en plus, à partir de plateformes mobiles...

On relaie ou on propulse des bribes d'information avec Twitter; on en partage d'autres sur Facebook ou Google+, on y intègre une vidéo de YouTube, une photo de Flickr ou une présentation de SlideShare, etc.  Et tous ces canaux peuvent aussi s'intégrer à un blogue, bien entendu...

Les webservices, que certains comprennent comme étant aussi des API, permettent, à divers degrés, de faire interagir des canaux (ou des services) avec d'autres. Ce sont des applications composites ou mashups... 

Les spécialistes informatiques appellent aussi cela l'interopérabilité. Pensez aux cartes géographiques affichées sur des sites de tourisme ou de commerce mais proposées par Google Maps. Sur ma propre page LinkedIn, mes contacts ont accès à mes tweets (de Twitter), à mes présentations (de SlideShare), aux livres qui m'intéressent (d'Amazon) ainsi qu'à mon CV (de Box.net).

Mais qu'en est-il du blogue plus traditionnel ? De l'édition plus profonde ?  De la voix unique devenue niche particulière ? Des traces de l'empreinte numérique reprises par Google pour cause de fraîcheur sémantique? De la découverte de liens riches et insoupçonnés ? Les lecteurs en raffolent !

Il y a tout juste un an, eMarketer a fait part de son étude sur les lecteurs américains de blogues. On la retrouve ici. On y constate plutôt que leur nombre augmentera sensiblement d'ici 2014. Rien d'époustouflant, mais on est quand même loin du déclin annoncé...

Par ailleurs, Mitch Joel, dans un excellent billet intitulé The Future of Blogging Might Surprise You, explique sans ambages la situation présente du blogue:
"As blogging took hold, the ability to publish in images, audio and video pushed social media into many different directions and - as with all things - the content that was easiest to produce and publish (like snapping a picture or shooting a quick video) replaced the not-so-easy task of putting your thoughts into words. Blogging was always hard, because writing is hard. Everyone is not a writer. Everyone is not a blogger."
Enfin, grande ironie du sort, Joel souligne que ce sont les grands groupes de média qui adoptent aujourd'hui massivement le blogue, leur ancien mouton noir.  La frontière entre la couverture traditionnelle (imprimé, radio et télé) et le blogue s'estompe au point de devenir fluide et presque transparente. 

Bloging is Dead Just like the Web is Dead titrait avec sarcasme Mathew Ingram.

Merci de votre lecture.

Patrice Leroux



11 septembre 2011

I Love New York




11 septembre 2011. 10e anniversaire d'un incident marquant. Une catastrophe nord-américaine impensable; un acte de terrorisme innommable.

On a tous été ébranlés par les images saisissantes de l'événement; certains plus directement, au premier chef les New Yorkais de Manhattan et des environs, les autres par le biais des nouvelles télévisées.

Je me souviens qu'en ce lundi matin fatidique, je me rendais au bureau. Sur les ondes de Radio-Canada, Marie-France Bazzo avait annoncé, peu après avoir pris l'antenne de 9h, qu'un avion s'était écrasé sur une des tours...

C'est un plus tard qu'on se rendrait tous compte de la gravité de l'événement...

Plus personnellement, j'étais très inquiet pour mon beau-frère Greg, à l'époque CFO pour une grande société informatique située au New-Jersey. Bien qu'il y travaillât, il habitait à Manhattan et faisait le trajet quotidiennement en train. Heureusement, on apprit durant la journée qu'il était déjà au bureau  lorsque le premier avion s'écrasa. Ce n'est qu'une semaine plus tard qu'il put regagner son appartement. Voilà pour ma petite histoire de proximité.

Mais il y en a des milliers d'autres avec des conséquences autrement plus graves... David Usborne a écrit un superbe article sur le sujet : 9/11: The day that changed my city.

J'aime pouvoir dire que New York, c'est aussi "ma" ville, bien que je n'y ai jamais habité très longtemps. C'est une histoire d'amour qui a débuté à la fin des années 60 et au début des années 70. Enfant, mes parents m'y amenaient assez régulièrement. Déjà, je sentais bien qu'elle était différente des autres grandes villes du monde. Il y avait là une énergie et une effervescence qu'on ne retrouve pas ailleurs.

J'ai eu la chance de voir les tours en construction mais c'est beaucoup plus tard, en août 1987, que je les vis de très près. Mon ami Jean-Pierre Azar m'avait invité à le rejoindre à l'occasion d'une fête de reconnaissance offerte par Merill Lynch. Un matin, il me propose de faire une petite visite inusitée de Manhattan. Incrédule, j'accepte avec plaisir. Le périple débute en taxi et se termine près du port où un hélicoptère nous attendait...  Manhattan à vol d'oiseau, trente minutes de grand bonheur, les tours à quelques centaines de mètres, un souvenir saisissant. Merci JP !

Depuis 2001, j'y suis retourné à plusieurs reprises, près d'une fois par année en fait, profitant de la chambre d'hôtel de ma femme qui y allait par affaires. C'était pour moi un pèlerinage culturel. Parmi mes plus beaux souvenirs, il y a cet après-midi de théâtre au vieux Booth, en décembre 2002. Paul Newman y tenait l'affiche après presque 40 ans d'absence sur Broadway. J'avais réussi à obtenir un billet debout à 20 dollars et voir ce classique américain: Our Town de Thornton Wilder.

Cet été encore, j'y suis retourné à plusieurs reprises. Ma fille a eu la chance de suivre un cours de photographie au Parsons New School of Design. Elle nous a fortement suggéré d'aller au Metropolitan Museum où on y présentait une rétrospective époustouflante du designer Alexander McQueen; un autre moment fort. Merci Clo !

Lors de tous mes périples new-yorkais, il y a un seul endroit où je ne suis jamais retourné : Ground Zero. Par gêne, par pudeur, par déni ou tristesse, je n'arrive pas à saisir encore tout à fait pourquoi.

Voici une photo prise par ma fille rue West Broadway à SoHo en juillet dernier. Elle représente, pour moi, la joie de vivre, l'énergie et aussi l'espoir qui n'ont jamais quitté New York.



Merci de votre lecture.

Patrice Leroux

5 septembre 2011

Éducation numérique aux USA: un état de de la question


C'est le collègue @MarioAsselin qui a attiré mon attention sur de nouvelles données rendues publiques par Knewton sur la croissance américaine de l'apprentissage en ligne aux études supérieures.

On sait tous que les nouvelles technologies bouleversent bien des industries, du commerce à l'information en passant par la distribution de la musique, entre autres. Mais qu'en est-il de l'éducation supérieure ?

Voici donc une illustration graphique sur l'état de la question. On y apprend, par exemple, que la croissance des inscriptions à des cours en ligne est 14 fois plus importante qu'en salle de cours. 

D'ici 2020, 98% des universités américaines offriront au moins un cours en ligne sinon une forme hybride d'apprentissage (présenciel et virtuel). Chez certains enseignants (voir commentaires à partir du site), on craint que les importantes économies (40%) se fassent à leur dépens.

Qu'en pensez-vous ?

The State of Digital Education
Created by Knewton and Column Five Media

17 août 2011

Le Social Media ROI d'Olivier Blanchard



C'est grâce à la sérendipité d'Internet que j'ai découvert Olivier Blanchard et son blogue en 2009.

Et c'est avec plaisir que j'ai lu son livre paru ce printemps: Social Media ROI. Managing and Measuring Social Media efforts in Your Organization.

Il s'agit d'un ouvrage très dense de près de 300 pages: 17 chapitres divisés en quatre grandes thématiques (développement, intégration, gestion et évaluation).

Exigeant une attention particulière du lecteur, il s'adresse à tous ceux qui auront à défendre l'allocation d'un budget pour la mise en oeuvre ainsi que la gestion d'un programme de médias sociaux. Dans cette optique, il devrait être traduit en français dès que possible ! Non seulement faut-il être capable de défendre un budget mais il faut aussi savoir se rendre imputable, mesures et statistiques à l'appui.

Blanchard est un jeune Américain d'origine française (ou un Français établi aux USA depuis belle lurette), formé et spécialisé en branding et en marketing. En raison des bouleversements technologiques des dernières années, des changements de paradigmes communicationnels et surtout, de leur impact social sur le monde des affaires et sur les consommateurs, Blanchard s'est développé une belle niche, grâce à la finesse de ses analyses et de ses arguments.

Il est de plus en plus reconnu par ses pairs comme un des grands experts en analyse et en mesure des médias sociaux; Brian Solis signe d'ailleurs l'avant-propos de son livre.  Pour Blanchard, l'un des enjeux les plus fondamentaux - et particulièrement pour le monde des affaires - demeure la question du retour contre investissement (ROI).  

J'avais d'ailleurs souligné à quel point il semble y avoir de l'incompréhension face à cet enjeu dans un billet intitulé Médias sociaux - Retour contre investissement (ROI): des mesures à géométrie variable ?

Chez ce spécialiste, il est impératif que les communicateurs, pour être pris au sérieux par les décideurs, comprennent la différence entre les impacts financiers et non-financiers de toute activité liée aux médias sociaux.  

Quant au parle de retour contre investissement, il doit nécessairement y avoir un impact financier (positif ou négatif). Toujours ! Le retour contre investissement est une mesure d'affaires et non une mesure de média. Ce qui ne veut pas dire que certains impacts non-financiers n'ont pas d'importance, au contraire. Mais il faut savoir bien distinguer les deux et présenter des unités de mesure propre à chacun. 

Voici d'ailleurs un tableau tiré du livre pour illustrer le propos:
(cliquez pour agrandir):




Source:  Figure 15.6 - Financial results. Chapter 15. ROI and Other Social media Outcomes, p. 215


Blanchard souligne également :
 
" [...] Do not fall into the common trap many social media program managers fall into, which is reporting mostly on "social media" metrics. Hint: Very few people in the organization, especially at the executive level, care about how many followers, fans, likes, and retweets a social media program is generating from one month to the next. How do 100,000 new Twitter followers help the business ? How do 50,000 views of a video posted on YouTube really justify the program's cost ? What is the material value of 10,000 mentions of the company's name across the social web ? As long as you keep your focus on the program's business objectives, your report will be on the right track. Lose sight of these objects and default instead to digital media metrics and your report will be a waste of everone's time. [...] A social media program manager who only reports on "social media numbers" is just being lazy. Always keep your eye on the business objectives that your social media program is there to support. [...] ".

Source:  Part IV -  Social Media Program Measurement (Vertical Reporting),  p. 264-265

Quels sont donc les objectifs d'affaires de votre organisation ? Vendre davantage de produits et de services ? Obtenir davantage de dons pour votre organisme de bienfaisance ? Augmenter le nombre d'étudiants dans votre école ou le nombre de clients dans votre restaurant ? 


Même si on ne veut pas toujours l'admettre, la grande majorité des organisations sont en affaires. Le "bottom line" n'est pas une vue de l'esprit. Cependant, on doit reconnaître, toujours selon Blanchard, que les ventes, le marketing, les relations publiques, le service à la clientèle, etc. ne partagent pas toujours le même langage, la même vision et encore moins les mêmes stratégies et unités de mesure. 

La méthodologie F.R.Y.

Pour pallier à cela, l'auteur propose d'utiliser la méthodologie F.R.Y. dans le but de modifier la façon d'aborder le développement des affaires:  Frequency, Reach et Yield. 

Ces trois fils conducteurs  sont une façon de rallier les départements vers un but commun d'affaires, entre autres parce qu'ils offrent un vocabulaire que tous peuvent comprendre assez facilement, même si la méthode est résolument axée vers la vente. Pour l'auteur, le F.R.Y est le lien manquant entre le marketing et les ventes, entre la stratégie et l'éxecution, entre les objectifs d'affaires et l'évaluation.

Cette méthodologie vise donc d'une part, à intégrer les médias sociaux à travers tous les départements (adieu les silos), et d'autre part, à se concentrer sur certains types de consommateurs (ou clients), sur leur comportement d'achat (c'est-à-dire sur certains éléments déclencheurs) plutôt que sur la sensibilisation, la motivation ou les préférences.

La fréquence (Frequency), c'est le  le cycle de vente ou le ratio d'achat. Si la fréquence comporte un aspect financier (fréquence des transactions), elle offre aussi un aspect non financier (fréquence des interactions). Peut-on utiliser les médias sociaux pour convaincre les clients d'acheter plus souvent ? Bien entendu !  Il s'agit d'abord et avant tout d'une stratégie d'affaires amplifiée par un programme intégré de médias sociaux et non pas une stratégie de médias sociaux.

La portée (Reach) est la plus évidente des trois fils conducteurs. Son aspect non financier se trouve dans le nombre de personnes touchées par une activité ou une campagne (pensez impression et interaction). L'aspect financier de la portée ( et donc du retour contre investissement) touche nécessairement à la transaction (ou à la conversion payante). Un nom dans une base de données ou une mailing list ne vaut pas grand chose s'il n'y a jamais eu de transaction. L'évaluation et le calcul des transactions donnent un portrait véritable des stratégies de portée. Une chose est sûre pourtant: les médias sociaux peuvent contribuer à baisser les coûts d'acquisition d'une clientèle et à faire augmenter le taux de conversion.

Le rendement (Yield) consiste à faire augmenter l'argent dépensé par un client existant (pensez aux ventes croisées des secteurs des cosmétiques ou de vêtements par exemple). On voudra obtenir du client qui dépense 20$ par mois 25$ par mois. Un programme de médias sociaux peut-il augmenter le rendement ? Certainement selon Blanchard même s'il faut d'abord mesurer les transactions par client et leur pattern (ce qui n'a rien à voir avec les médias sociaux). Cependant, les activités de médias sociaux (entre autres) et la richesse de leurs données peuvent se comparer à d'autres canaux de promotion et de sensibilisation. 

Si le rendement d'une promotion offerte par le biais de Facebook, par exemple, a augmenté de 15%, comparez son coût par rapport au rendement de la même promotion offerte par le biais de la télé ou de la radio. C'est ici qu'on peut démontrer un retour contre investissement positif. S'il est négatif (toujours possible) il faut revoir la stratégie de médias sociaux. On est donc en mesure de déterminer la valeur des canaux, traditionnels comme non traditionnels.

La méthode F.R.Y. n'est certes pas une recette miracle mais peut être un bon point de départ lorsqu'il s'agit de se concentrer sur les objectifs d'affaires et de mesurer les activités de médias sociaux.

Plusieurs autres observateurs ne croient tout simplement pas qu'il est possible de calculer le retour contre investissement des médias sociaux. C'est le cas de cet article Calculer le ROI des médias sociaux est une perte de temps.

On y mentionne que ce qui est important, c'est l'implication, l'engagement, la conversation quoi ! On ne peut pas être contre la vertu !  Mais on lance aussi que la démarche du ROI risque de nous " enfermer dans une logique de recherche de la rentabilité". Si vous tenez vraiment à ne pas être pris au sérieux auprès de votre direction quant à la mise sur pied d'un programme de médias sociaux, reprenez les arguments de l'article. Vous ne ferez pas long feu, c'est garanti.

Si au contraire, vous voulez être pris au sérieux et avancer des arguments solides pour développer et intégrer des médias sociaux dans votre organisation, procurez-vous au plus vite un exemplaire du Social Media ROI d'Olivier Blanchard.

Enfin, si vous êtes du domaine des relations publiques, ce livre devrait obtenir un écho favorable de votre part, surtout en raison de la Déclaration de Barcelone (version anglaise ici ou traduction française ici) dont la mise au point quant à la mesure arrive... à point nommé !

Merci de votre lecture !


Patrice Leroux


8 juillet 2011

Le côté obscur de Volkswagen: une campagne signée Greenpeace


Le 28 juin 2011, Greenpeace Europe lançait une campagne contre Volkswagen, un des plus importants fabricants d'automobile au monde. En fait, une voiture européenne sur cinq est une Volks.  Je suis un conducteur de Vw depuis plus de 15 ans et il me semble que le fabricant a été l'un des premiers à introduire en Amérique les premiers modèles de "diesel propre"...

L'objectif de la campagne ? Faire reculer le fabricant sur les émissions de C02 qu'il souhaite voir maintenir à 20%, alors qu'une cible de 30% pour 2020 semble visée par les politiciens européens.

Selon Greenpeace, Vw s'opposerait aussi à l'adoption de normes plus strictes en matière de performance énergétique...grâce à l'aide de lobbyistes.  Par ailleurs, ses modèles les plus économes en matière de consommation de carburant ne représenteraient que 6% des ventes...

J'ai tenté de trouver un communiqué de la part de Volkswagen qui réfuterait les allégations de Greenpeace mais en vain.  L'utilisation de plusieurs mots-clés me renvoyaient toujours soit à un des sites de Greenpeace ou soit à des articles au sujet de la campagne. Ignorer la campagne fait-elle partie de la tactique ou est-ce une question de référencement malhabile ?

D'autre part, Shel Holtz explique ici pourquoi cette campagne, contrairement à celles de Mattel et de Nestlé (voir mon billet à ce sujet) semble vouée à l'échec (en Amérique du Nord ?).

Au-delà d'une guerre de chiffres ou d'objectifs jugés trop vagues, ce sont les mécanismes de persuasion web de Greenpeace qui m'intéressent. Ces mécanismes sont de plus en plus sophistiqués.

La campagne reprend donc une icône de la culture populaire américaine : la saga Star Wars, elle même utilisée par Volkswagen durant le SuperBowl de 2011 dans une pub télévisée plutôt sympathique. La voici.

Publicité originale de Vw vue près de 40 millions de fois (au 5 juillet 2011) sur YouTube.



Spoof de la vidéo sur Viméo (a peut-être été retirée pour cause de droits d'auteur). Lucas Films a d'ailleurs forcé YouTube à la retirer au début juillet 2011. La même chose était arrivée avec la campagne Kit-Kat contre Nestlé en 2010...



Greenpeace invite donc non seulement le public à faire partie de la "Rébellion" et à signer le Manifeste mais à devenir aussi un Jedi. Ce Jedi peut accumuler des points et gagner en force à mesure qu'il multipliera ses bonnes actions:  partager les informations avec ses amis et ses abonnés sur Facebook et Twitter, et envoyer des courriels.

Sept étapes sont offertes, du Baby Ewok au Yoda,  avant d'atteindre le nombre de points nécessaires  et la force suprême pour obtenir un... t-shirt. L'aspect ludique de l'interface demeure important et constitue un mécanisme de persuasion important.


Voici trois exemples d'interface selon les étapes franchies: Cliquez sur les images pour agrandir.






































Voici où j'en serais rendu au moment de votre lecture:

En fait la campagne reprend à son compte certains éléments de la persuasion interpersonnelle de masse telle que définie par BJ Fogg avec ses recherches sur la captologie à l'Université Stanford :  
  • une expérience persuasive (débutant avec la vidéo et les informations du site); 
  • une structure automatisée (pensez aux boutons de partage vers Facebook et Twitter); 
  • une distribution sociale assez grande et un cycle rapide (plus de 190, 000 personnes s'étaient enregistrées au 8 juillet 2011);
  • un mécanisme de mesure permettant de connaître - et de faire connaître- les "progrès" des rebelles Jedi.
Je vous le dis, on est de de plus en plus sophistiqué chez Greenpeace.

Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

23 juin 2011

Hommage aux Grunig (Larissa & Jim)

Le dimanche 12 juin 2011, l'UQAM octroyait un doctorat honoris causa à Larissa et à Jim Grunig, à la suite de la recommandation de la Faculté de communication.

À ma connaissance, il s'agit d'un cas assez rare, voire unique, où une université octroie le titre honorifique à deux personnes formant aussi un couple, lors d'une même cérémonie.

Tous deux professeurs émérites de l'Université du Maryland, Larissa A. Grunig et James (Jim) E. Grunig ont fortement marqué la recherche théorique et empirique des relations publiques au cours des trente dernières années. Leur influence demeure à ce jour mondiale.

Il faut souligner cette belle initiative, sous l'égide du professeur Pierre Bérubé, qui a également eu l'excellente idée de réunir plusieurs universitaires et praticiens québécois avec le couple Grunig, au lendemain de la cérémonie.

Photo: © Denis Bernier (Courtoisie LAPCC/UQAM)
De gauche à droite: Guy Litalien, Francine Charest (Laval), Pierre Bérubé, Larissa Grunig, Patrice Leroux, Jim Grunig, Elizabeth Hirst (McGill) et Danielle Maisonneuve.
C'est ainsi que le Laboratoire d'analyse de presse Caisse Chartier a organisé une rencontre-causerie avec le couple Grunig où il a été question de l'évaluation des relations publiques dans l'optique des sept principes de la Déclaration de Barcelone - AMEC/IPR de juin 2010 -

Selon les chercheurs, ces principes offrent une base solide de réflexion et ont le mérite d'ancrer la recherche et l'évaluation à la pratique, malgré quelques bémols quant à la sur-utilisation de mesures quantitatives par rapport aux mesures qualitatives.

Je conserverai un très bon souvenir de ma discussion avec Jim Grunig quelques minutes avant que débute la causerie. Par exemple, je lui ai dit à quel point j'avais apprécié mes deux rencontres avec Patrick Jackson, la première fois en 1996 à Vancouver (si ma mémoire est bonne) et la dernière, à Chicago, en 2000 (quelques mois avant son décès prématuré). 

Ce que j'ignorais, c'est que Jackson était un proche des Grunig. À bien y penser, il y a effectivement une filiation assez étroite entre les deux, même si le premier a surtout oeuvré au niveau universitaire, tandis que le second s'est distingué en cabinet professionnel. Pour ceux que cela intéresse, Bill Sledzic a écrit un très beau billet sur Jackson en 2006: Celebrating the genuis of Pat Jackson

Je lui ai également parlé d'une de ses présentations (PPT) faite à Hong Kong à la fin de l'été 2009; elle m'avait marqué. Comme tous ceux qui partagent leurs connaissances, Jim Grunig m'a envoyé, dès le lendemain de notre discussion, l'article qu'il en avait tiré. À mon tour de le partager :

Grunig, J. E. (2009). Paradigms of global public relations in an age of digitalisation. PRism 6(2):
http://www.prismjournal.org/fileadmin/Praxis/Files/globalPR/GRUNIG.pdf.

Voici donc quelques perles "grunigiennes" retenues à propos de certains principes issus de la Déclaration de Barcelone.

Le principe # 2 énonce: "Il est préférable de mesurer l'effet sur les résultats (outcomes) plutôt que les productions (outputs)". Selon Larissa Grunig, l'un n'empêche pas l'autre. "Do it all", dit-elle. Il faut toutefois bien expliquer le contexte, la méthodologie et se méfier des aberrations statistiques potentielles. La surabondance de données, notamment due au phénomène des médias sociaux, exige des mesures qualitatives ainsi qu'une grande transparence à leur égard.

Le principe # 3 énonce: "L'effet sur les résultats globaux de l'organisation devrait être mesuré." Peut-on vraiment établir une valeur monétaire aux actions de relations publiques tel que le fait le marketing par exemple ? Comment peut-on mesurer les relations et ses effets à long terme sur les comportements des parties prenantes ? Ou encore les effets symétriques de la façon dont l'organisation comprend ou s'adapte à ses divers publics ? Les relations publiques offrent-elles vraiment un meilleur retour contre investissement parce qu'elles sont en mesure de réduire les risques, et par ricochet les coûts qui leur sont associés ? Comment bien mesurer ce qui relève du quasi intangible ?

Pour le principe # 5 - le plus controversé de tous selon le couple - "Les équivalences en valeur publicitaire (EVP ou AVE en anglais) ne sont pas représentatives de la valeur des relations publiques", Larissa Grunig juge l'énoncé encore trop faible... Elle aurait préféré un message plus fort du genre : "We are not going to do this anymore".

Quant à l'appui ou au soutien d'une tierce partie (third party endorsement), le plus vieil axiome des relations publiques en matière de crédibilité, il n'aurait jamais été prouvé comme étant concluant auprès du grand public. Selon les Grunig, il s'agirait même d'un mythe.

Par ailleurs, l'achat d'une annonce publicitaire comme celle du Groupe Maple pour expliquer le bien-fondé de son achat du Groupe TMX plutôt que par la London Stock Exchange, aurait beaucoup plus de crédibilité, auprès d'un public devenu aujourd'hui plus cynique, que le "unpaid media" ou même de l'appui d'un Bernard Landry. On jugerait ce type d'annonce comme étant plus franche et transparente qu'un article...

Enfin, l'énoncé du principe #6 "Les médias sociaux peuvent et doivent être mesurés" est prometteur dans l'optique où il est maintenant plus aisé d'écouter les parties prenantes et de s'engager auprès d'elles. En ce sens, les médias sociaux seraient-ils en mesure de réaliser les promesses de la communication bidirectionnelle symétrique ? L'analyse sémantique, telle que le propose un David Phillips, par exemple, peut contribuer à identifier rapidement des crises, des rumeurs ou même la montée rapide d'une catégorie de public susceptible d'affecter l'organisation.

Si, pour Jim Grunig, les médias sociaux donnent une voix plus forte et immédiate aux publics et permettraient même à ces derniers de participer aux décisions stratégiques de l'entreprise (on pense aux enjeux de développement durable par exemple), pour Larissa Grunig, la question de la veille ou du lurking, comme elle le dit, pose des défis d'ordre éthique qu'on ne peut ignorer non plus...

Merci encore aux collègues de la Chaire en relations publiques et communication marketing et au Laboratoire d'analyse de presse Caisse Chartier de l'UQAM.

Et merci de votre lecture !
 
Information complémentaire à propos de cette rencontre-causerie:


Patrice Leroux
 
Creative Commons License
patriceleroux by patrice leroux is licensed under a Creative Commons Attribution-Noncommercial-Share Alike 2.5 Canada License.
Based on a work at patriceleroux.blogspot.com.