31 juillet 2012

Histoire d'Internet (ARPAnet)

Le mythe - ou la légende urbaine - demeure encore assez bien ancré dans la culture populaire: celui de croire que le précurseur d'Internet - l'ARPAnet - avait d'abord été conçu pour résister à une attaque nucléaire.

Le contexte de la guerre froide et le fait que l'Advanced Research Projects Agency (ARPA) ait été mise sur pied par le président Eisenhower ne sont pas étrangers au mythe.

L'objectif fondamental consistait plus simplement à relier les premiers gros et dispendieux ordinateurs que l'ARPA gérait à travers les États-Unis. Il s'agissait donc de pouvoir faire partager ces rares ressources informatiques entre les chercheurs et ingénieurs américains (par time-sharing) et surtout, d'économiser des sommes importantes. 

Voici ce que l'ingénieur français Louis Pouzin avait répondu au sujet des travaux de l'ARPA:



Arpanet - Vido Dailymotion.avi par projetarpanet

L'idée de réseau où des machines électroniques s'échangent des données avait été pensée par des pioniers de l'informatique comme J.C.R Licklider, Paul Baran et Donald Davies.  

Mais c'est Robert Taylor, un directeur de l'ARPA, qui, dès 1966 posait les premiers jalons concrets du réseau des réseaux, en obtenant le feu vert et surtout l'argent, de son patron du Pentagone, Charles M. Herzfeld

L'histoire d'internet est fascinante. Elle est jalonnée d'innombrables considérations humaines, techniques, économiques et politiques. C'est ce que j'apprends à mesure que j'avance dans le cours à distance Internet History, Technology and Security.

Ce cours, qui a fait aussi l'objet du billet précédent, offre un choix éclairé de ressources diverses.

Voici un documentaire assez ancien mais très éclairant sur l'histoire de l'ARPANET et les débuts d'Internet:



Au plan de l'histoire, je vous conseille le livre de Katie Hafner et Matthew LyonWhere Wizards Stay Up Late: The Origins Of The Internet (1998). Il est disponible sur Amazon ici ou sur Google Play ici.

Les auteurs ont également eu la générosité d'offrir une suite web au livre (des archives en fait) ainsi qu'un accès gratuit au chapitre sur l'histoire du développement du courrier électronique. Ce site web est un petit trésor accessible ici.

Merci de votre lecture !


Patrice Leroux



24 juillet 2012

Histoire d'Internet et enseignement planétaire




Je me suis inscrit à mon premier cours à distance offert par le biais de la plateforme Coursera, certes pour en apprendre davantage sur la fascinante histoire d'Internet et de l'informatique, pour m'amuser aussi (les deux vont de pair) mais surtout pour mieux comprendre en quoi les innovations pédagogiques de ce genre peuvent modifier les manières d'enseigner...

Il s'agit d'un cours entièrement gratuit qui s'échelonne sur sept semaines seulement: Internet History,Technology and Security, donné par le professeur Charles "Dr. Chuck" Severance (il n'est pas trop tard pour vous inscrire si vous lisez ceci avant le 30 juillet 2012).

Plus de 34,000 personnes y sont inscrites (au 23 juillet 2012). Au delà du contenu, il sera intéressant de voir à quel point la collaboration sera possible avec autant d'étudiants (on nous incite d'ailleurs à nous regrouper par zone géographique... à travers les groupes de discussion).


Tous les participants peuvent jouer un rôle important dans leur propre apprentissage. Dans cette optique, l'apprenant devient un acteur et un producteur (voir mon billet à ce sujet ici).

Les contenus sont regroupés par grands thèmes et reposent en majeure partie sur des vidéos (présentations de l'enseignant et entrevues avec des pionniers et des sommités). Les présentations sont ponctuées de nombreux petits quiz que j'apprécie beaucoup car ils maintiennent mon intérêt et mon engagement.

Voici, par exemple, une entrevue de Larry Smarr accordée au professeur Charles Severance. Smarr est un des pionniers d'Internet et exprime de façon éloquente la période 1980-1995:
 
Internet Pioneers: Dr. Larry Smarr - How the Internet Happened from Charles Severance on Vimeo.

Au cours des prochaines semaines, je vous tiendrai au courant de mes apprentissages et découvertes.

Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

18 juillet 2012

Comportement modifié et technologie numérique




Les vacances estivales me permettent de reprendre des activités de lecture mises de côté faute de temps. L'une d'elle consiste à lire enfin mes numéros du Atlantic des derniers mois

Celui de juin 2012 a attiré mon intérêt avec un article de fond de David H. Freedman à propos d'un retour des idées et théorie du psychologue américain B.F. Skinner sur la modification du comportment, à l'ère des technologies numériques et mobiles, voire des réseaux sociaux. 

L'article en question s'intitule The End of Temptation. How the creepy science of behavior modification is reshaping our desires (publié dans le web avec le titre The Perfected Self). 

Histoire personnelle

Comme toile de fond, le propre frère du journaliste qui a réussi à perdre assez de poids et à éviter des problèmes liés à l'obésité (maladies du coeur et diabète de type 2). Un peu plus d'un Américain sur vingt (160,000 par année) meurent prématurément à cause de sur-poids important...

Comment frérot a-t-il réussi cela ? Grâce à un mix de volonté (évidemment !), de diète et d'exercice de base, le tout renforcé par des applications numériques. (Pas de clinique spécialisée ni de médicaments d'ordonnance...).

Vers des applications behaviorales en santé

Avec nos iPhones et nos tablettes, et pourquoi pas, quelques bons amis Facebook, les technologies et applications behaviorales peuvent modifier toutes sortes de comportement (perdre du poids, réduire les dépenses superflues ou la consommation d'énergie, cesser le tabac, etc.). 

Elles permettent aussi, et surtout, d'être un participant plus actif dans la co-construction d'un programme de modification du comportement (à la manière des Weight Watchers ou des Alcooliques Anonymes dont les techniques sont assez semblables au renforcement conditionné de Skinner, dans le sens où y retrouve du soutien, du monitoring et de l'encouragement de la part d'une communauté d'intérêt).

B.F. Skinner

Bien entendu, Skinner a développé ses idées sur le "operant conditioning" (ou behaviorisme) au cours des années 1930. Le contexte particulier de l'entre-deux-guerres ainsi que celui suivant la deuxième guerre mondiale n'ont pas été tendre envers Skinner dont les analyses et travaux ont été accusés  - à tort semble-t-il - de frayer avec la manipulation, l'immoralité et le fascisme, rien de moins. 

Même Noam Chomsky - dans la mouvance des sciences cognitives des années cinquante et soixante - n'acceptait pas l'idée que des changements de comportement et d'attitude soient possibles, et encore moins souhaitables chez les humains, contrairement aux animaux. À cette époque particulière on avait, avec raison, une peur bleue du totalitarisme.

De plus, l'auteur anglais Anthony Burgess (A Clockwork Orange) disait du livre le plus populaire de Skinner- Beyond Freedom and Dignityqu'il s'agissait d'un des livres les plus dangereux à avoir été écrit (source).

Dans cette optique, Freedman rappelle qu'il ne faut pas confondre l'approche de Skinner avec le conditionnement pavlovien (une erreur que plusieurs des détracteurs de Skinner auraient commise). 

Bien que Skinner ait fait ses expériences essentiellement avec des pigeons, sa théorie demeure plutôt simple : tout organisme peut faire (ou reproduire) ce que son environnement le récompensera d'avoir fait. Autrement dit, quand on est incité à produire un certain comportement et que ce dernier est renforcé par une quelconque gratification, le comportement risque de devenir une habitude. 


Par ailleurs, l'approche de Skinner visait à façonner des comportements en toute connaissance de cause, choisis consciemment par le sujet, directement observables et toujours sous l'influence d'une récompense et non d'une punition (à l'instar d'une application comme GymPact).

À titre individuel, on peut certes tenter de modifier son environnement dans le but de changer un comportement. S'il s'agit d'une entreprise ou d'un gouvernement qui tente la même chose, cela devient plus problématique, c'est le moins qu'on puisse dire...

Les applications mobiles en santé explosent

Déjà en 2002, une étude menée par Jean Harvey-Berino de l'Université du Vermont soulignait la force d'Internet comme soutien virtuel auprès de ceux qui voulait maintenir leur perte de poids (ici en pdf).

Mais avec l'explosion des médias sociaux et des applications mobiles, on semble plus convaincu que jamais de leurs caractéristiques préventives en santé (une priorité du gouvernement Obama). 

En 2008, j'avais été attiré par les travaux et expériences de B.J Fogg de l'Université Stanford, notamment sur ce qu'il appelait la captology (computers as persuasive technology) ayant même traduit une partie du site en français
(ici via WebArchive). 


Les intérêts de Fogg se sont tout naturellement tournés vers les réseaux sociaux et la mobilité mais je crois que l'influence de Skinner, entre autres, y est bien présente.

Voici un Top-30 des applications en santé (US) http://www.appappeal.com/apps/health/

Deux applications à succès pour les problèmes de poids...

http://www.retrofitme.com/

http://loseit.com/


Mobile Health (congrès annuel de Stanford)
http://mobilehealth.org/

La fondation B.F. Skinner (pour en savoir plus sur le personnage)
http://www.bfskinner.org/BFSkinner/Home.html


Merci de votre lecture !


Patrice Leroux

 
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