24 août 2012

Compétence artificielle et robotisation

La compétence artificielle, c'est celle de l'automatisation portée par une nouvelle génération de robots. Les récentes avancées techniques - notamment en vision et en technologie tactile - rendent caduques plusieurs types d'emploi manuel. La nouvelle robotique atteint même un niveau de dextérité supérieur à celui de mains humaines...

Cela semble être une excellente nouvelle pour des milliers d'entreprises qui misent sur une augmentation significative de leur productivité et de leur compétitivité, mais une moins bonne pour des milliers de travailleurs qui se feront remplacer par des machines. C'est un des dilemmes auxquels feront face les grands états occidentaux mais également le géant chinois.

La compagnie Foxconn, par exemple, s'apprêterait à installer un million de robots d'ici quelques années, elle qui compte déjà près d'un million de travailleurs fabriquant nos iPhones et iPads...

C'est ce que rappelle le journaliste John Markoff du New York Times dans l'édition du samedi 18 août 2012. Le titre de l'article (qui a fait la une): Skilled Work, Without the Worker.

Voir également sa présentation vidéo: The Robot Factory Future (Advances in manufacturing robotics).

Les enjeux de l'automatisation par robotique touchent principalement deux grands secteurs: fabrication et distribution.

Au plan de la distribution, par exemple, on apprenait que Amazon achetait la compagnie Kiva Systems en mars 2012, au coût de $775 millions (sa plus grande acquisition depuis l'achat de Zappos en 2009). Voir deux articles économiques à ce sujet, ici et ici.

Il semble bien aussi que l'enjeu de l'automatisation, pour plusieurs entreprises, soit une question de survie, comme le souligne cet article de Technology Review/MIT: Automate or Perish.

Voici une courte démonstration d'un robot KIVA:





Dans la prochaine vidéo, on peut constater le niveau de dextérité (et la rapidité) d'un robot de la compagnie Adept technologies.




Jusqu'où l'évolution de la robotique nous mènera-t-elle ? Y aura-t-il toujours des secteurs intouchables comme le transport ? Prenons l'industrie du camionnage. Les humains demeureront-ils les seuls capables d'agir dans un contexte d'objets mouvants et en temps réel ? Pendant combien de temps encore ?

Les essais des Google Cars (voir ici et ici) n'annoncent-ils pas d'autres changements radicaux d'ici quelques années ?

En terminant, je vous invite à lire cet autre article comportant une entrevue avec Andrew P. McAfee (co-auteur du livre Race Against The Machine).

Merci de votre lecture !

Patrice Leroux

11 août 2012

Quel avenir pour l'éducation supérieure ?

Le secteur de la formation - et l’enseignement en général - subiront et subissent en ce moment même des bouleversements importants, au même titre que les industries de l’imprimé et de la musique dans les années 2000.

Les établissements d’enseignement et même les centres de formation professionnelle qui ne réussiront pas à s’adapter aux nouvelles réalités de diffusion des savoirs (et à leur accès) risquent de devenir obsolètes à court et à moyen terme.

Le 6 juillet 2012, Georges Siemens, de l'Université d'Athabasca, écrivait sa "Open Letter to Canadian Universities". Je retiens le passage suivant...

[...] "I’m concerned that the ossification of higher education institutions, and a complete failure to build capacity for adaptation, will produce a bonanza for educational technology startups at the expense of the university’s role in society."[...]

Dans cette optique, voici une video de l'organisme EPIC 2020, lancée au mois de mai 2012. Même s'il s'agit d'une hypothèse dramatique, voire même assez osée, sur l'avenir de l'enseignement universitaire, elle devrait en inciter plusieurs à réfléchir...



J'en suis présentement à mi-chemin dans mon premier cours en ligne (MOOC) sur l'histoire de l'internet donné par Charles "Chuck" Severance. J'ai rédigé d'ailleurs un billet à ce propos ici.

Voici enfin la présentation TED du professeure de Stanford Daphne Koller (également membre fondatrice de Coursera). Fascinant !



Quelques ressources vidéos supplémentaires pour alimenter vos réflexions.

EDX (Alliance MIT/Harvard/Berkley)



Le grand sage Noam Chomsky et les modèles d'apprentissages (entre autres).



Merci de votre lecture et de vos visionnements !

Patrice Leroux

10 août 2012

Histoire du courrier électronique


Poursuivant le cours à distance Internet History,Technology and Security du professeur Charles Severance (semaine #3) , je me suis penché sur le développement et l'évolution du courrier électronique dans le but de faire mon premier "devoir".

Il s'agit d'une histoire assez fascinante - et parfois même un peu obscure - car il n'y a pas, pour l'instant, de consensus absolu... L'invention du courrier électronique (ou email) a même suscité une petite controverse au début de 2012, telle que racontée dans ce billet du Washington Post.

Voici d'ailleurs le site The Invention of Email de V.A Shiva Ayyadurai, source de la controverse.

Le courrier électronique demeure encore à ce jour la plus durable des "Killer apps" de l'Internet. C'est du moins le point du vue de true ventures

Selon un rapport du PEW d'août 2011, le courriel - avec la recherche - faisaient partie des activités numériques les plus populaires (source). Son utilisation subit tout de même une mutation assez profonde sinon une perte nette chez les très jeunes et les ados au profit des médias sociaux (source).  La mutation, quant à elle, se produit surtout au profit de la mobilité, selon ce billet.

Les années 1960... en 60 secondes

Ces années marquent le début des contributions de plusieurs ingénieurs et spécialistes. Une de mes références importantes demeure le livre de Hafner et Lyon: Where Wizards Stay Up Late (1998). Le chapitre #7 (Talking Headers) est particulièrement éclairant. 

Accédez à un extrait gratuit du chapitre ici par le biais du site d'accompagnement du livre (un trésor web de 1e génération: ici).

En 1965, 
Tom Van Vleck et Noel Morris créent le premier programme de courrier électronique "inter-usager" sur le système d'exploitation CTSS du MIT. Ce système fonctionne sur une grosse unité centrale (mainframe) d'IBM de type 7094

Si Noel Morris est beaucoup moins connu (en partie parce que décédé très jeune, à 40 ans), son frère Errol lui rend hommage en 2011 avec cette mise au point: Did my brother invent e-mail with Tom Van Vleck ?

Durant ces années, le courrier électronique demeure très rudimentaire, restreint à un très petit groupe d'initiés et "s'opère" sur une seule machine.

Les années 1970... en 70 secondes 

Le tout premier courrier électronique "réseau" mettant en cause deux machines (deux ordinateurs PDP-10 situés dans les bureaux de BBN à Cambridge, Mass.) est envoyé par Ray Tomlinson en 1971. C'est lui qui proposera le signe @ pour distinguer le nom des personnes de l'ordinateur utilisé.

Durant ces années, il faut utiliser des programmes séparés pour envoyer et recevoir du courrier électronique. La comande Répondre n'existe même pas (elle sera créée plus tard par John Vittal). En effet, on devait créer un nouveau message pour répondre...

Par ailleurs, ces messages ne transitent toujours que sur un réseau local. L'inter-connectivité peut-elle être élargie à un réseau plus vaste ?

L'évolution de la R&D, et notamment celle sur la commutation de paquets (packet switching) permettra aussi de créer des protocoles propres au courrier électronique, dont le SMTP, puisque l'échange de courrier électronique s'est d'abord fait avec un protocole de type ftp...tel que le Mail Transfer Protocol, devenu obsolète.

Un des enjeux de l'époque, source de nombreux débats, consistait à s'entendre sur la question des en-têtes des messages, donc, d'une certaine façon, sur l'interopérabilité. Le format des en-têtes d'un message pouvait parfois être plus long que le message même ! (pas seulement que l'essentiel - provenance, date et objet du message- mais un ensemble de données diverses...).

L'engouement s'est confirmé très tôt lorsque Stephen Lukasik, directeur de l'ARPA entre 1971 et 1975, commande une étude révélant que 75% du traffic de l'ARPANET provient du courrier électronique (source). C'est énorme pour cette agence qui visait surtout le partage des ressources informatiques et non un système de messagerie.

Listes de distribution et groupes de discussion

Il va sans dire que le courrier électronique a permis à ses premiers utilisateurs de communiquer rapidement, de partager de l'information et de réseauter

Il s'agissait aussi du seul médium de communication bidirectionnelle depuis l'invention du téléphone. Par contre, le courrier électronique a permis, dès 1975, la création des premiers groupes de discussion et des premières listes de distribution, elles-mêmes précurseur de Usenet...

Il ne faut pas oublier non plus que toute cette culture liée au courrier électronique a mené aux fameux smileys ou emoticônes... qu'on voit toujours aujourd'hui sur Facebook et Skype, par exemple.

Le 19 septembre 2012 marque le 30e anniversaire  de ces emoticônes !

Quelques ressources intéressantes et amusantes :

Email begins -1965 - (Jeremy Norman)

The History of Electronic Mail (Tom Van Vleck) 

Lawrence Roberts writes the first mail manager software

The History of Email (Dave Crocker) 

MCI mail blog (one of the first commercial services in the USA/1983-2003) 

8 email statistics to use at parties (Email Marketing Reports)


Merci de votre lecture !

Patrice Leroux
 
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