5 février 2013

Google plie devant le chantage de la France ?




Mon collègue britannique David Philips en rageait sur son compte Google+ en ce début de février 2013. L'objet de sa colère ? Un don googlien  de 60 millions d'euros versés à un fond spécial pour aider les médias français à " financer des projets numériques et améliorer leurs opérations web". (Lire aussi cette dépêche de la BBC). 
" Blackmail  is a dark word and when we see a major internet player capitulate it is a very bad day. If newspaper proprietors want to use the internet, they must learn to play the game. Blackmailing a player to give money to give themselves a fund so that they can gain an extra advantage over the rest of people using the internet is bad. This is what the French media has done. 
There is a case for not providing a search service to the French media full stop! I shall not weep as they are hacked into by the community now that they have tried to subvert the open internet. 
Google should know better too.
Eric Schmidt has let the side down. Today, the game changed and the Devil will now date the hindmost. I now expect that Google will do a deal with David Cameron to pay a million bucks because it is indexing my blog - some hope but that is the logic of today's arrangement."
En automne 2012, ce sont plutôt les médias français qui dénonçaient le chantage de Google (ici par exemple). Le géant de Mountain View laissait entendre qu'il n'allait plus référencer leurs sites si le gouvernement instaurait un "droit voisin" sur les contenus informatifs. 

L'idée du "droit voisin" consistait à faire payer les moteurs de recherche des frais d'indexation pour tous liens pointant vers des contenus médias. Pensez à partir de Google News, de Google Reader ou de Google tout court; en Europe, on semble convoiter ses revenus publicitaires plus importants, obtenus par le référencement et non par le travail intellectuel...

Google est donc parvenue à éviter une taxe à l'indexation ou une redevance au taux de clic...

Malgré  quelques autres enjeux de taille, LesEchos.fr saluait ce "terrain d'entente" pour "calmer le courroux de la presse française" dans l'article Google et les éditeurs de presse français enterrent la hache de guerre.

Est-ce une bonne nouvelle pour le baron de la presse Rupert Murdoch qui s'avouait vaincu l'automne dernier ? Lui qui accusait Google de "kleptomanie parasitaire de contenus" (ici).

Quoi qu'il en soit, outre l'enjeu de la fiscalité, le don de Google pose de sérieux défis au plan de la neutralité du Web; c'est d'ailleurs ce que souligne David Philips en postulant que l'entente, le don ou le partenariat - on ne sait plus trop ! - procurerait un avantage sans doute pernicieux en faveur d'une certaine presse française.

Par contre, l'entente est loin d'être saluée par une majorité de commentateurs français et européens. Quelques exemples:


L'accord Google-presse ou l'arnaque intellectuelle du Gouvernement (Guillaume Champeau)

Journalistes, le jour où Google vous a tués (Éric Valatini)

Hollande mouillé pour 60 millions avec Google; ou la France qui se couche (Gérard Bessay)


La Francia svende il futuro (Gianni Riotta)


Qu'en pensez-vous ?

Merci de votre lecture. 

Patrice Leroux

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